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Un gigantesque navire avalant les années lumières
01-02-5203 - Balbo --+CCM+--

Un gigantesque navire avalant les années lumières. Un hublot allongé, un homme derrière le hublot. Un visage tourmenté, mais résolu. Le bruit de ses pas résonnait dans le silence du grand pont supérieur. "Balbo Chevalier ! Chevalier Balbo !" Il se souvenait encore des cris assourdissants de la foule à l'annonce de la nouvelle. Les téléscripteurs crépitaient dans toute la péninsule. Des hommes haranguaient la foule. Les femmes et les enfants décoraient leurs maisons. Les chiens rendus à moitié fous par la liesse populaire couraient et sautaient dans toutes les directions. Chevalier de Montmirail. Que de changement cela avait été après cette nouvelle nomination. Le colon devenu Chevalier avait bénéficié d'un espace vitale demeuré hors d'atteinte depuis des cycles, et des capacités financières 10 fois supérieures au plus gros budget de la colonie. Et de nouveaux postes pour tous, de nouvelles responsabilités. C'est pour cela que LUI se trouvait là, maintenant, sur le pont supérieur du gigantesque cargo repu de matières premières, cadeau des institutions de Montmirail. Il ne voyait pas le sigle gigantesque peint sur la coque, haut de plusieurs dizaines d'hommes, mais respectait tout ce qu'il représentait, du fond de son coeur. Aprés ce soudain apport financier, disproportionné par rapport à la taille de la petite colonie, les choses avaient évolué beaucoup plus vite. On manquait de bras et de nombreux travailleurs étrangers étaient venus consolider la frêle population. Les maisonnettes se sont métamorphosées en batiments, les batiments en tours sans fin, les stocks accrus entreposés sur des milliers de mètres de carrés avaient permis la construction de stations spatiales de haut niveau, finement cisellées dont l'éclat visible à des lieues à la ronde l'éblouissait à chaque retour. Les colons étaient allés loin, trés loin. Sur la planète-entrepot les choses évoluaient trop vite. Déjà il aurait fallu un deuxième cargo géant, et peu-être même un troisième. Il avait vu d'autres mondes au cours de ces interminables voyages grace auxquels il ramenait assez d'argent pour faire vivre la colonie encore un peu plus. Ces mondes vides ou si peu explorés, l'attiraient par leur secrets à peine dévoilés. Mais il y avait le travail. Tout ce travail pour une promesse : la vision d'une autre planète encore, au ciel bleu et à la mer de perle cette fois. Une planète ou la végétation nourrit l'homme. Ou les mines sont secondaires et ou le travail se fait dans des grandes cités lancées vers le ciel et ancrées dans la terre. Le havre de paix qu'est la péninsule, puissance 10. Des hommes partout, des cités à perte de vue. Une promesse ou un rève ? Boisbrulé était encore loin devant. Il s'assit dans un siège confortable et ferma les yeux. Puis il se mit à réciter les poèmes de son enfance en bougeant à peine les lèvres.

-- Les Grands Cargo de BoisBrulé --
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